1724° Section de la Haute Vallée de la Saône et de
Bains les Bains
Disparition de M. Lucien HEREL
Avant d'évoquer le passé militaire de notre camarde Lucien HEREL, figure emblématique du monde combattant du sud-ouest vosgien, je souhaite préciser que sa santé déclinante, depuis quelques années, c'est à l'hôpital de Lamarche où il avait été admis depuis quelques jours, qu'il s'est éteint ce dimanche 19 septembre 2021.
Lucien HEREL est né le 28 août 1937 à Martigny les Bains, au sein d'une famille d'agriculteurs. Après l'école communale, il travaille comme aide familial sur la ferme de ses parents avant de s'orienter, après plus de trois ans de travaux à la ferme, vers une formation bouchère en devenant d'abord apprenti boucher puis ouvrier boucher jusqu'à son incorporation militaire.
Lucien HEREL est classé bon service armée par le conseil de révision de Lamarche de 1956, il effectue ses tests de sélection militaire à Commercy en juin 1957 puis il est appelé à l'activité le 1er septembre 1957 au Centre d'Instruction du Génie du 26ème Bataillon de Génie stationné à Sarrebourg. Ce Centre d'Instruction a pour mission de former les appelés du contingent au métier des armes en vue d'une affection ultérieure en unité combattante en Algérie ; formation donc de soldat d'abord puis de combattant et enfin de sapeur.
Il est désigné pour servir en Algérie en vertu de la Décision Ministérielle du 9 octobre 1958 et débarque à Bône le 1er novembre 1958. Il est affecté à la 1ère compagnie du 52ème Bataillon du Génie stationné dans le secteur de Guelma dans l'est de l'Algérie entre Constantine et Souk Ahras, vers la frontière tunisienne. Son unité est chargée de l'entretien des voies de communication de cette région particulièrement dangereuse du fait de la présence de fortes bandes rebelles, qui, par un repli tactique en territoire tunisien, échappent souvent aux représailles des troupes françaises.
Qu'il me soit permis, également, de préciser que si l'on qualifiait, à l'époque et pudiquement, ces combats en Algérie : opérations de maintien de l'ordre; Il faudra attendre les années 2000 pour que la République admette, enfin et officiellement, que ces opérations étaient, en fait, et bel et bien, des "opérations de guerre". C'est pourquoi nous pouvons affirmer que notre ami Lucien, appelé du contingent, a participé, dans le cadre de ses obligations militaires, à la guerre d'Algérie.
Lucien HEREL est maintenu sous les drapeaux, après les dix-huit mois de service obligatoire, en application de l'article 40 de la loi du 31 mars 1928, qui permet au gouvernement le maintien des appelés du contingent sous les drapeaux, au-delà de la durée légale du service militaire.
Son activité sur les voies de communications du secteur, l'amène à etre une cible permanente des rebelles. C'est ainsi qu'il sera blessé par balle au combat, avec rupture de l'artère fémorale droite, lors d'un contact avec l'ennemi, qu'il parviendra, toutefois, à neutraliser et dont il récupérera l'armement, le 8 novembre 1959. Après des premiers soins à l'hôpital local de Guelma, il sera rapatrié sanitaire par voie aérienne en métropole à l'hôpital du Val de Grâce, le 14 décembre 1959, afin d'y bénéficier de soins plus appropriés à son état, après plus d'une année de séjour en unité combattante.
Sa conduite au combat, lui vaut une citation à l'ordre du régiment avec attribution de la Valeur Militaire avec étoile de bronze, citation décernée par l'Ordre Général n° 13 du 8 janvier 1960 par le Commandant de la Zone Est du Constantinois.
Après consolidation de sa blessure il est affecté à la C A R n° 1 de Versailles le 1 mars 1960 et sera libéré et rayé des contrôles le 17 juin 1960 après 2 ans 9 mois et 17 jours de service.
Tels sont les faits marquants que l’on peut relever sur ses états des services.
Lucien HEREL est, dans l'ordre de préséance, titulaire
De la Médaille Militaire, concédée par décret du Président de la République du 3 décembre 2003.
De la Croix de la Valeur Militaire,
De la Médaille des Blessés,
De la Croix du Combattant,
Du titre de Reconnaissance de la Nation,
De la Médaille Commémorative d'ALGERIE.
Lucien HEREL est en outre titulaire de nombreuses décorations internes qui symbolisent et témoignent de son implication envers le monde combattant.
Je souhaite aussi rappeler, qu'ayant repris son poste d'ouvrier-boucher, à son retour à la vie civile, il a été contraint de quitter ce travail car, suite aux séquelles de sa blessure de guerre, la station debout prolongée lui étant devenue insupportable, il ait dû s'orienter vers une autre activité.
Enfin, je ne peux passer sous silence, le fait que Lucien HEREL est depuis le décret d'avril 2015 de la présidence de la République éligible au grade de chevalier de la Légion d'Honneur car il est, stricto-sensu, comme précisé par ce texte, ancien combattant d'Afrique du Nord, titulaire de la Médaille Militaire et de deux faits de guerre, en l'occurrence, ici, d'une citation et d'une blessure de guerre. Toutefois, après quelques années d'ajournement du dossier et compte-tenu des réserves produites sur le guide des décorations du Ministère des Armées, concernant les citations où il est fait mention d'une blessure de guerre: les "blessés-cités", cet ajournement semblerait se justifier par le fait que, selon l'interprétation de l'administration, la blessure et la citation concernaient le même fait de guerre, ces personnes seraient présumées titulaires d'un seul "fait de guerre".
Or, de l'avis de la Grande Chancellerie, saisie suite aux ajournements succéssifs, celle-ci a précisé que ce dossier, ne lui étant jamais parvenu, il ne pouvait, contrairement à ce que nous supposions, avoir été rejeté par elle, mais que, après examen du texte de la citation, celle-ci relatant d'autres faits d'armes que celui où la blessure est intervenue et qu'enfin, la blessure n'ayant nullement empêché le première classe HEREL de neutraliser le rebelle et de saisir son armement, il n'y avait pas lieu de considérer que, dans ce cas, la blessure et la citation ne concernent que le même fait de guerre. En conséquence, après une révision du jugement du Ministère des Armées sur ces dossiers "blessés-cités", il estimait ce dossier éligible.
La disparition de notre ami rend bien évidement le dossier caduc, mais vous comprendrez que cette interprétation très restrictive de l'administration, déterminant ces ajournements successifs, puisse, au-delà de l'incompréhension suscitée, engendrer une certaine amertume si ce n'est une certaine frustration.
Pierre OLIVIER
Secrétaire de la 1724ème section.
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