Décès de Mme Josette ILINSKY,  Marraine du Drapeau de la 2°/1394° Section.

« Le samedi 17 février 2024, Madame Josette Molland-Ilinsky, Marraine du Drapeau de 2ème/1394ème Section de Nice, nous a quittée à l’aube de son 101ème anniversaire (14 mai 1923). Notre section est en deuil et nous rendons hommage à cette grande dame au caractère bien trempé.

Alors qu’elle était rentrée à l’Ecole des Beaux-Arts à Lyon en 1939, au cours des actualités d’une séance de cinéma le 27 juin 1940, elle a découvert l’appel à la résistance d’un certain De Gaulle.

En 1943, alors que la zone libre est envahie par les Allemands, elle estime qu’elle devait faire quelque chose pour son pays. A la suite d’une rencontre avec une étudiante hollandaise dénommée Susie qui suivait les cours du soir aux beaux-arts, cette dernière lui a proposé de rentrer dans un réseau de résistance. Après un voyage à Amsterdam sous couverture pour rencontrer un responsable d’un réseau de résistance qui l’a informé des risques encourus, Josette Molland veuve Ilinsky entre dans la résistance au sein d’un des plus grands réseaux et filières d’évasion européen, le réseau « Dutch Paris ». Ce réseau hollandais a agi essentiellement en France et il a compté environ 300 résistants dont 150 ont été arrêtés et déportés dont Josette. Il comprenait deux filières d’évasion par la Suisse et par l’Espagne. Le réseau « Dutch-Paris » a contribué d'une manière éminente à la résistance française et il a sauvé plus de 1 080 personnes, dont 800 juifs hollandais ainsi que plus de 112 aviateurs alliés abattus sur la France.

Au début, sa mission consistait à fabriquer des faux tampons de toutes sortes et des faux papiers. Puis, sa mission a évolué par des voyages dans la région de Pau pour transmettre des documents via l’Espagne pour Londres. Lors de son dernier voyage à Pau, elle devait retrouver sa chef de réseau Susie qui n’est pas venue au rendez-vous convenu. Cette dernière avait été arrêtée par la police française à Oloron (région de Pau) et remise à la Gestapo.

Dénoncée, Josette Molland est arrêtée le 24 mars 1944 par la Gestapo de Klaus Barbie et incarcérée à la prison militaire allemande du Fort Lamothe à l’est de Lyon car depuis février 1944, les cellules du Fort Montluc sont pleines. Pendant son emprisonnement, elle a subi des interrogatoires musclés par un agent de la Gestapo et un Milicien. Au cours des interrogatoires musclés, elle n’a pas parlé. Lorsqu’elle retrouvera la dénommée Susie au camp de Ravensbrük qui, elle, avait été torturée (ongles arrachés, édentée et brûlée au fer rouge), Josette aura l’explication de son arrestation.

En août 1944, c’est le début du voyage de l’enfer : d’abord, l’internement à Fresne suivis de nouveaux interrogatoires, ensuite c’est camp de tri de Romainville d’où elle est partie en déportation. Puis, c’est le départ en train pour l’Allemagne. Premier arrêt au camp de Neue-Bremm en Allemagne qui est dénommé le « Straflager » (Bagne, camp de punition). Le but de ce camp, est de briser les prisonniers avant de les envoyer dans les camps de travail. Puis, c’est le départ pour le grand camp de travail de Ravensbrück. Ravensbrück n’est qu’une halte car Josette avec d’autres femmes sont parties pour le camp de travail de Holleischen (Holyslov – Région des Sudettes, près de Pilsen, en Tchécoslovaquie annexée). A leurs arrivées, elles devaient travailler dans une usine qui fabriquait des munitions de bombardement. Elles ont été plusieurs à refuser de travailler et la punition a été terrible. Elles ont été affectées à un commando disciplinaire :

· Levée à l’aube pour l’appel dans le froid où il faut rester debout (celles qui tombaient, étaient achevées d’une balle dans la tête), pareil pour celles qui les secourent ;

· Travail en forêt où il faut abattre 30 arbres dans la journée pour avoir droit à un bol de soupe le soir avec le même traitement pour les femmes faibles qui tombent et ne se relèvent pas ;

· Punitions corporelles 25 coups de schlagstock ou « gummi » (assimilé à une matraque) donnés devant les autres déportées du bloc. Pour 50 coups c’est la mort assurée.

Enfin, le 5 mai 1945 à 11 heures, Josette Molland a vu les partisans polonais arriver à cheval, investir le camp et les Allemands se sont rendus. Les partisans polonais ont demandé aux déportées de désigner ceux qui ont été leurs bourreaux. Une fois désignés, ils ont été fusillés. Les partisans ont récupéré les prisonniers polonais et russes et ils quittent le camp. Josette Molland a fait partie des 1 500 françaises que les Polonais ont laissés désemparées et à la merci des SS. Ensuite, les Américains sont arrivés et ils ont pris les déportées en charges. Josette Molland. Elles ont été soignées et nourries par des doctoresses qui leur ont conseillées de manger peu pour réhabituer leur corps dénutri. Puis, c’est le retour en France, d’abord à Lyon, puis à Nice où ses parents résident.

Décorations :

· Officier de la Légion d’Honneur ;

· Médaille Militaire ;

· Croix de Guerre 1939/1945 avec Palme ;

· Médaille de la Résistance ;

· Médaille de la Déportation pour fait de Résistance ;

· Croix du Combattant Volontaire de la Résistance ;

· Croix du Combattant.

Dans son autobiographie publiée par l’Association « Les Amis du Château d’Estours », Josette Molland raconte : « Ce que j’ai vécu dans ce camp, je ne peux pas le dire, c’est inimaginable. Si on ne l’a pas vécu, on ne peut pas comprendre. Tous les matins on pensait que c’était notre dernier jour. ».

Merci Josette pour tout ce que tu as fait pour notre section notamment notre Médaille Militaire que tu nous as fabriquée et que nous exposons lors de tous nos rassemblements.

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