272° Section de SELESTAT- Disparition de M. FRICHE
UNE GRANDE FIGURE DE LA 272ème SECTION NOUS A QUITTE :
Notre camarade Jean, Léon FRICHE nous a quittés le 20 janvier 2021 à SELESTAT à l'âge de 92 ans. Selon sa volonté et celle de sa famille, une cérémonie d'adieu a eu lieu dans l'intimité à la chambre funéraire de la ville samedi le 23 janvier en matinée. Jean était une grande figure de notre section et du monde combattant et patriotique du Centre-Alsace. Actuellement doyen en âge de la section, il l'était également par la durée, en effet la médaille militaire lui a été concédée le 28/07/1954 à l'âge de 26 ans.
Malgré les difficultés sanitaires liées au COVID, un nombre très restreint de représentants du monde combattant et des ordres nationaux a pu honorer le défunt en lui rendant un dernier hommage. En temps normal nous aurions pu faire d'avantage, Jean l'aurait bien mérité. Sa simplicité, son empathie, son amitié étaient reconnues unanimement.
La section a été représentée par son président et une plaque souvenir de la SNEMM a été déposée. Les condoléances ont été présentées à la famille et en particulier à Frédérique sa fille.
Né le 13 Juin 1928 à Lalaye (67), Jean dut à 16 ans, se plier aux obligatoires contraintes imposées en Alsace-Moselle annexée par l'occupant nazi et suivre une préparation militaire en Juillet I944. Quelques mois plus tard, il reçoit sa convocation pour le Reischsarbeitsdienst à Mutzig, mais profitant du désordre ambiant consécutif à l'avancée des troupes alliées vers l'Alsace, il décide de ne pas rejoindre le point de regroupement et d'aller se cacher dans le village de Plaine où il attend les libérateurs.
A l8 ans il souscrit un engagement de 3 ans dans l'Armée et est incorporé au régiment de Hussards à Constantine (Algérie) où il ne reste que le temps de sa formation. Il est affecté à l’issue au 1er Régiment de chasseurs parachutistes. La veille de Noël 1946, il embarque pour l, Extrême-Orient. Débarqué à HAIPHONG, il est vite confronté aux dures réalités de la guerre au cours de diverses opérations meurtrières. Il participe entre autres, en 1947, au sein de son unité à la première opération aéroportée effectuée en Indochine.
Il gagne ses galons de sergent et une citation à l'ordre du Régiment. A l'issue de ce premier séjour et après quelques mois passés en métropole, il rejoint pour deux séjours consécutifs de 30 mois, la terre indochinoise. Il est nommé sergent-chef le 1er janvier 1952. Son comportement exemplaire lors des diverses missions qui lui sont confiées lui vaut d’être cité plusieurs fois.
Un fait particulier, survenu lors de son 3ème séjour, mérite d'être relaté. Affecté au sein du groupement de commandos parachutistes LAO, opérant au Laos, il rejoint le secteur d’ATTOPEU (ce poste marque la limite des lignes françaises sur la zone et est tenu par un régiment de chasseurs laotiens). Jean a reçu mission de mettre sur pieds un maquis en recrutant des partisans et a reçu fictivement le grade de Sous-lieutenant pour la circonstance. Il s'agit de membres de l’ethnie montagnarde LOVE (les effectifs de ce maquis surnommé «comète» se chiffreront début 1951 à plus de 200 hommes). Leur mission consiste principalement, en territoire tenu par l’ennemi, à couper et gêner ses lignes de communications entre Laos et Cambodge. Le 1er février 1954, le poste d'ATTOPEU est attaqué par les « viets » et tombe. Jean et une partie de ses commandos se réfugient dans la jungle puis rejoignent les montagnes LOVE tout en tendant des embuscades retardatrices aux colonnes ennemies. Mais privé de liaisons (sa radio étant tombée en panne) après avoir donné à ses hommes l'ordre de dispersion, il rejoint par ses propres moyens le Cambodge puis PAKSE au Laos, où se trouve le PC de son groupement. Le commandement prépare son retour vers ATTOPEU et le 15 mars, profitant d'une liaison aérienne sanitaire ramenant des blessés, il programme son parachutage avec matériel sur la zone. Suite à une erreur de navigation, le pilote le largue dans la jungle à 30 km du point prévu, en pays LOVE. Il parvient toutefois après maintes péripéties, à retrouver ses partisans et à reconstituer son commando. Très rapidement, son efficacité sur le terrain causera de lourdes pertes aux « VIETS ». Décidant d'une grande offensive ces derniers veulent anéantir le commando. En Juin, un Lieutenant, appelé à relever Jean Friche dont le séjour arrive à son terme, est parachuté dans son secteur, mais la relève projetée ne pourra se faire du fait de l’offensive ennemie. Sur décision du Lieutenant, le commando est scindé en deux éléments afin de lui permettre de mieux se diluer dans la brousse et rompre la pression à laquelle il est soumis par les forces « VIETS ». L’un est placé sous ses ordres, l'autre est confié à Jean Friche. Le 10 Juillet le commando du Lieutenant a été repéré la veille lors d'un parachutage est attaqué par une compagnie « VIET ». Il parvient à se dégager en subissant de grosses pertes. De son côté, le commando de Jean, poursuivi, tend une série d’embuscades pour se dégager mais afin de ne pas se faire encercler. Une fois encore, il doit disperser une partie de son commando, ne gardant avec lui qu'une vingtaine d’hommes. Cependant, souffrant d’une crise de paludisme et de dysenterie amibienne qui le laisse dans un état d'extrême fatigue, il finit par ne plus être en mesure d'assumer son commandement dans des conditions normales. Il est rejoint par le Lieutenant et les quelques hommes étant, demeurés avec lui. Ce dernier le fait installer sur un brancard et demande par radio son évacuation sanitaire par hélicoptère et fait poursuivre la progression à travers la brousse. Lorsque l'hélicoptère survole le commando, il se limite à lui parachuter un autre poste radio. L’aéronef ne se pose pas pour récupérer Jean mais son passage permet à nouveau aux ennemis de le repérer. Il est harcelé dès le 17 Juillet par une compagnie ennemie. Les hommes valides ripostent et se désengagent en subissant de grosses pertes. Au cours de l'accrochage, Jean, délirant, a toutefois la présence d'esprit de se laisser tomber de son brancard, roule au bas du talus où il avait été déposé et rampe sous les couverts. La nuit venue, les « VIETS » passeront à deux pas de lui sans le voir. Très rapidement le silence succède aux tirs des armes. Ces derniers quittent les lieux. Jean se retrouve seul dans la jungle dans un état physique déplorable, ignorant sa position exacte avec pour seul armement son pistolet automatique. Il se met en route afin d'essayer de se repérer et de trouver du secours.
Après deux jours d'une marche chaotique à travers la brousse, il finit par trouver une piste qui le mène finalement à un village ou il retrouve, par chance, un de ses agents partisans. Avec son aide et celle des villageois il est soigné puis caché par ceux-ci, qui le changent régulièrement de cache, jusqu'à ce que sa santé s'améliore. Les villageois l’aideront par la suite à rejoindre les lignes françaises, le 15 septembre soit 2 mois plus tard. Durant tout ce temps, il est porté disparu à son unité. De son côté, le Lieutenant et ses quelques commandos sont finalement faits prisonniers le 6 août. Durant l’interrogatoire auquel il est soumis, lui est confirmé par semble- t-il deux témoins « VIETS », que Jean Friche a été tué le 17 Juillet lors de l'attaque sur le commando. Ils précisent même le lieu où il est enterré : Bankam Pe Toun.
Pour la petite histoire, lors de sa réapparition dans les lignes françaises, Jean apprit que son Capitaine l'avait proposé pour une citation à l'ordre de l'Armée et pour la Légion d'Honneur à titre posthume. A l'issue de ce 3ème séjour en Indochine, après quelques mois en Métropole il est affecté au 9''" régiment de Zouaves à Alger. Nommé Adjudant, il sert ensuite au centre de formation des Sous-Officiers à DELLYS avant de rejoindre le 5ème régiment de tirailleurs où il sera en permanence en opération.
Nommé Adjudant-Chef le 1er Avril 1962, l1 terminera sa carrière militaire, après l'indépendance de I' Algérie au 23ème régiment d'infanterie à Sarrebourg. Il sera rayé des contrôles de I' Armée le l er Août 1967, à 21 ans et six mois de service.
L'excellence des services militaires effectués par Jean Friche lui ont valu l'obtention des décorations suivantes : Par décret du président de la République en date du 8 Mai 2013, Jean-Léon FRICHE, a été promu au grade d'officier dans l’Ordre National de Ia Légion d'Honneur. - Médaille militaire - Chevalier dans l'ordre National du Mérite - Croix de guerre des TOE - Croix du combattant volontaire - Titre de reconnaissance de la Nation, Médaille coloniale (avec agrafe Extrême- Orient - Médailles commémoratives Indochine et Algérie - Médaille d'argent de l'ordre du Laos - auxquelles il convient d'ajouter 6 citations : quatre à l'ordre de la Brigade - de la Division - du Régiment et 2 avec Palmes, à l'ordre de l'Armée.
Jean entame par la suite une seconde carrière dans la grande distribution tout en participant activement aux activités associatives. Retraité en 1985, il ne peut rester inactif et parfaitement au fait des problèmes que peuvent rencontrer les anciens combattants dans la défense de leurs droits, il rejoint l'UIACAL. C'est tout naturellement qu'il s'engage au sein du comité de I' association en qualité de secrétaire général, poste qu'il assumera durant plus de vingt années, jusqu'en 2010.
Il nous laisse le souvenir d’un homme au destin hors du commun, rigoureux, d'une disponibilité exemplaire, et qui sut se faire apprécier de tous et mettre ses connaissances au profit de tous chaque fois que nécessaire.
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