Décès de jean BADEY - 1349ème section LOUHANS

Discours d’adieu à Jean BADEY

Après avoir obtenu l’accord de la famille, je vais retracer les très nombreuses activités qui ont jalonné la vie civile, militaire et associative de Monsieur Jean BADEY.

Jean BADEY est né le 08 juin 1937 à PARIS où ses parents travaillaient dans l’hôtellerie. Son père ayant été fait prisonnier de guerre, il est mis en pension à POISSY, tandis que Monique sa sœur aînée vit auprès de ses grands-parents à SAVIGNY en REVERMONT.

A la fin de la seconde guerre mondiale et la victoire alliée du 08 mai 1945, la famille BADEY bressanne d’origine, revient s’installer à LOUHANS où Jean est scolarisé et devient scout de France à l’étoile louhannaise.

Il obtient brillamment son Certificat d’études primaires en 1951 et débute une formation d’apprenti et de commis en restauration à AUTUN et BELLEVESVRE.

Il entre dans la vie active en 1952 et effectue « des saisons » comme maître d’hôtel durant 5 ans, dans des établissements renommés à Megève, Courchevel, Chamonix, Aix les Bains et Annecy.

Comme tous les jeunes de sa génération, Jean passe le Conseil de révision qui le déclare apte au Service Militaire en novembre 1956.

Si ses chers parents ont vécu les affres de la guerre 1939-1945, suivies des dures périodes du redressement national, Jean sera un des témoins du dernier conflit d’Afrique du Nord.

Tandis que se termine la guerre en Indochine, après la chute de DIÊN BIÊN PHU le 07 mai 1954, un autre terrain d’affrontements très violents prend de l’ampleur, en Algérie Française le 01 novembre 1954. Cette « Toussaint rouge » sera l’engrenage d’un envoi massif sur ce territoire, de milliers de jeunes soldats et d’unités constituées, notamment des escadrons de gendarmerie mobile, durant huit années jusqu’au cessez le feu du 19 mars 1962.

Il vient d’avoir ses 20 ans, et le 09 juillet 1957, après un passage au légendaire camp Sainte-Marthe, Jean prend le bateau à MARSEILLE à destination d’ORAN, en compagnie de centaines appelés du contingent qui mettent le pied sur cette terre inconnue et vont vivre des événements qui marqueront profondément leur jeunesse.

Jean prend alors la direction de CONSTANTINE garnison située à 200 km de la frontière tunisienne où il est incorporé au sein du 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens, régiment d’infanterie qui s’est illustré lors des deux guerres mondiales et celle d’Indochine.

Au sein de ce régiment, il suit d’abord un entraînement rigoureux et une instruction inhérente aux réalités du terrain auxquelles il devra rapidement faire face.

Après 3 mois de formation soutenue, il intègre le renommé 94ème Régiment d’Infanterie désigné également « régiment de la garde », stationné à Némenchas dans la région des Aurès, au sud constantinois.

Il est nécessaire de rappeler que sur le drapeau de cette prestigieuse unité sont inscrites les batailles napoléoniennes de Marengo en 1800, d’Austerlitz en 1805, de Friedland en 1807 et celles de la première guerre mondiale, batailles de la Somme en 1916, de Verdun en 1917 et de Montdidier en 1918.

Au sein de ce régiment opérationnel qui se déploie dans cette région des Aurès très hostile, et qui a vu naître les premières guérillas en 1954, Jean est incorporé comme grenadier-voltigeur à un commando de chasse de la 3ème compagnie.

Il sera alors engagé au quotidien, dans des missions de reconnaissance de zone, de patrouilles de surveillance, d’escorte de convois sensibles, de fouilles et ratissages, autant d’opérations militaires à hauts risques et de vigilance permanente.

De plus, il sera confronté à de multiples embuscades rebelles dans cette région escarpée et favorable aux infiltrations ennemies en provenance de la frontière tunisienne toute proche.

Son comportement sur le terrain remarqué par son encadrement supérieur lui confère le grade de Caporal en novembre 1958.

Le 27 juillet 1959, lors d’une embuscade de nuit dans la région de EL-OULJA (dans les Aurès), Jean, alors chef d’équipe de 4 grenadiers-voltigeurs, met hors d’état de nuire 3 rebelles du F.L.N. très lourdement armés.

Le courage, la pugnacité et la conduite dans l’action manifestés par Jean ce jour-là, lui ont valu l’obtention d’une Citation à l’Ordre du Régiment, avec attribution de la Croix de la Valeur Militaire et l’Etoile de Bronze.

En outre, la Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Afrique du Nord avec agrafe « Algérie », lui sera octroyée par le Commandant du 94ème Régiment d’infanterie.

Après plus de 26 mois de présence en Algérie, Jean est libéré de ses obligations militaires le 30 septembre 1959 et revient dans ses foyers à LOUHANS.

De janvier 1960 à juin 1961, il reprend ses activités de maître d’hôtel à COURCHEVEL et à CONDRIEU, puis il décide de s’orienter vers la Gendarmerie Nationale.

Le 17 juillet 1961, il intègre comme Elève-gendarme, l’Ecole de gendarmerie de MELUN où il sort avec un honorable classement, lui permettant de choisir une affectation en Gendarmerie départementale.

Le 01 février 1962, il est affecté en célibataire à la Brigade territoriale de GAILLON dans l’Eure, où il exercera ses premières fonctions de gendarme de terrain au service des citoyens, durant 7 années.

Jean se marie avec Suzanne à BANTANGES le 05 mai 1962, de cette union naîtra Gilles le 11 mai 1964.

Dès le début de sa carrière en gendarmerie, Jean manifeste un attrait particulier envers la police judiciaire et ses excellents résultats obtenus dans ce domaine, lui ont valu un Témoignage de Mérite signé du Ministre de la Défense en date du 09 février 1966.

En 1967, Jean s’inscrit comme volontaire à l’examen d’Officier de police judiciaire qu’il passe le 11 janvier 1968 à l’Hôtel de ville de ROUEN.

Le 01 avril 1969, il rejoint sur sa demande la Brigade territoriale de LUGNY où il démontre ses facultés d’enquêteur qui lui sont récompensées par l’attribution de la qualité d’Officier de police judiciaire avec l’extrait du Journal officiel en date du 16 septembre 1969.

Excellemment classé 6ème sur 1364 candidats au plan national, Jean devient à 32 ans un O.P.J. qui lui vaudra d’être plusieurs fois désigné, comme formateur en police judiciaire au sein de la compagnie de Mâcon.

Le 15 mai 1972, il est muté à la Brigade de MONTCENIS (proche du CREUSOT) et s’active avec ardeur dans son domaine privilégié. Ses mérites lui seront reconnus avec sa nomination au grade de Maréchal- des Logis-chef le 01 avril 1975.

Le 01 mai 1975, il est muté à la Brigade territoriale de CUISERY où il assumera les fonctions d’adjoint au commandant de brigade et mettra en exergue ses compétences d’enquêteur.

Détaché comme instructeur du 01 décembre 1975 au 19 juin 1976 à l’Ecole préparatoire de gendarmerie de CHATELLERAULT, chargé de dispenser les cours d’agent de police judiciaire, il obtiendra de flatteuses notations du Commandant de la 1ère compagnie d’instruction.

Le 14 décembre 1981, l’Office National des Anciens Combattants de Saône et Loire à MÂCON, lui délivrera la carte du combattant, au titre des opérations en Algérie effectuées durant la période 1954 à 1962.

Après 25 ans de bons et loyaux services actifs en gendarmerie, Jean fait valoir ses droits à la retraite proportionnelle le 01 janvier 1986, où il obtiendra le grade d’Adjudant suivi par l’attribution de plusieurs décorations.

Ses éminents états de service lui ont été reconnus par l’attribution de la prestigieuse Médaille Militaire selon le décret du 03 février 1986.

Le Titre de reconnaissance de la nation établi par l’Office National des Anciens Combattants de Saône et Loire à MÂCON, lui sera délivré le 20 juillet 1994.

Nommé adjudant-chef de réserve, il obtiendra l’honorariat de son grade selon la décision de la Légion de gendarmerie départementale de Bourgogne en date du 12 décembre 1996.

Arrivé en retraite à BANTANGES, Jean s’investit d’emblée dans le milieu associatif et s’inscrit comme adhérent à l’Union Nationale des Personnels et Retraités de la Gendarmerie du secteur de LOUHANS et à la 1349ème section des Médaillés Militaires de LOUHANS.

A ce titre, les 36 années d’adhésion aux Médaillés Militaires lui ont valu l’attribution de la Médaille de Vermeil le 27 février 2022 et la Médaille d’Or de l’U.N.P.R.G. lui a été décernée cette année le 12 juin 2023, en reconnaissance de ses 37 années de fidélité associative.

Tandis que Suzanne s’active dans ses fleurs et le jardin familial, Jean devient pigiste et correspondant local de presse en 1986, au journal le « Progrès », au journal « Le courrier de Saône et Loire » puis au journal « L’indépendant du Louhannais et du Jura ». Disponible et dévoué dans ses attributions, il parcourt au quotidien les routes de bresse pour couvrir les événements communément appelés « la vie des habitants et des villages ».

Parallèlement à ces multiples déplacements, il adhère en 1987 à la section des Anciens combattants de LOUHANS, où il exercera successivement les fonctions de secrétaire, puis de trésorier et celle de vice-président depuis 1990.

Jean franchit un échelon supérieur en adhérant en 1998 à l’Union Fédérale des Anciens combattants de Saône et Loire en devenant secrétaire adjoint, puis secrétaire et vice-président en 2010.

De 2013 à 2016, il assume la Présidence de l’U.F. 71 et s’implique avec énergie au profit de cette entité combattante départementale. A cet effet ses éminents mérites lui ont conféré la Médaille de Vermeil de l’Union Fédérale Nationale à PARIS le 13 février 2014 et le titre de Président honoraire lui a été attribué en 2016.

En outre, devenu le correspondant du journal « Le combattant de Saône et Loire » il s’adonne avec une réelle passion à relater toutes les réunions, les assemblées, les cérémonies patriotiques et les événements de mise à l’honneur, qui animent les secteurs combattants du département.

Pour s’être investi au profit du monde combattant, Jean recevra la distinction de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite au titre du secrétariat d’état à la Défense par le décret du 13 novembre 2009.

Cette décoration lui a été remise par Monsieur Jacques d’IVERNOIS, Officier de l’Ordre National du Mérite, très glorieux ancien combattant de la seconde guerre mondiale, qui demeurait à HUILLY sur SEILLE.

Un autre secteur d’activités dans lequel Jean a été très présent fut celui de l’ONAC-VG à Mâcon où il a travaillé activement au sein de la commission solidarité de 2009 à 2022. Son efficace collaboration parmi les instances de l’ONAC-VG lui a été honoré par la remise de la Médaille d’argent dans les salons de la Préfecture à MÂCON le 17 septembre 2022.

Tout récemment le samedi 23 septembre, Jean était parmi nous lors du Conseil d’administration de l’Union Fédérale 71 qui s’est tenu à VARENNES le GRAND. Au cours de cette réunion marquée par la prise de fonction des trois nouveaux responsables départementaux, rien ne laisser présager qu’il soit hospitalisé d’urgence, le lundi 25 septembre.

Ravis à l’affection de ses proches le samedi 30 septembre, sa brutale disparition a jeté la consternation au sein des associations envers lesquelles il a tant donné durant des décennies.

Merci à toi mon Cher Jean, pour tout ce que tu as accompli avec dévouement et générosité.

Après avoir évoqué ta vie bien remplie, entièrement consacrée à ta famille plongée dans la peine et à la collectivité, le moment est venu de se quitter.

Mon Cher Jeannot, au nom du Monde combattant de l’Union Fédérale 71, des Anciens combattants d’Afrique du Nord et des O.P.E.X., au nom des membres des deux entités Médaillés Militaires et U.N.P.R.G. que j’ai l’honneur de présider, au nom des Compagnons de l’Ordre National du Mérite, au nom de la très nombreuse assistance présente dans cette église, je te rends l’hommage solennel et l’estime générale que nous te devons tous.

Les obsèques religieuses de Jean BADEY notre glorieux adhérent de la 1349ème section des Médaillés Militaires de LOUHANS se sont déroulées en l’église de BANTANGES le jeudi 05 octobre 2023 en présence d’une très nombreuse assistance venue de son village de résidence mais également des villages bressans environnants.

Son activité de gendarme, puis celle de correspondant de presse et son implication au sein du monde combattant lui ont valu une remarquable notoriété auprès de ceux qu’il a côtoyé durant de longues années.

13 porte-drapeaux, dont les Médaillés Militaires, l’Ordre national du Mérite, l’U.N.P.R.G., les Anciens combattants de l’U.F. 71 et ceux des secteurs du département se sont déplacés pour lui rendre un dernier hommage en présence du Chef d’escadron Paul Rémy-Néris commandant la compagnie de gendarmerie départementale de LOUHANS accompagné d’un jeune gendarme récemment affecté.

Signé : Charles JANODET

Président de la 1349ème section des Médaillés Militaires de LOUHANS.

Président de l’U.N.P.R.G. secteur de LOUHANS

Administrateur à l’Union Fédérale des ACVG 71