1724° Section de la Haute Vallée de la Saône et de
Bains les Bains
Disparition de notre camarade Maurice POIRSIER
Avant d'évoquer le passé de notre camarde Maurice POIRSIER je souhaite préciser que, sa santé déclinante, c'est à la clinique de la Ligne Bleue où il avait été admis, depuis quelques jours en accompagnement, qu'il s'est éteint, paisiblement, ce samedi 2 juillet 2022.
Maurice POIRSIER est né le 28 avril 1934 à Bleurville où ses parents exercent le métier de commerçants ambulants de vaisselle. En 1940, alors que la famille s'est installée à Monthureux sur Saône, Mr POIRSIER, possédant un camion, est réquisitionné par le Maire afin de convoyer, vers le sud, la gendarmerie du lieu fuyant, lors de la débâcle, devant l'avancée des troupes allemandes. C'est alors que le camion de Mr POIRSIER est pris pour cible en Corrèze par l'aviation italienne…
Sans nouvelles de son mari et sans ressources, Mme POIRSIER, pensant y trouver plus de facilités, rejoint avec ses quatre enfants la maison familiale d'Ainvelle. Ce n'est qu'en 1943, que Mme POISIER, alors qu'elle souhaitait obtenir un duplicata du livret de famille, apprendra, officiellement, que son mari était décédé à l'hôpital de Tulle, des suites de blessures reçues lors du raid italien. Les circonstances administratives de cette tragique disparition de Mr POIRSIER n'ont jamais pu être établies formellement; on n'a jamais trouvé de trace écrite de cette "réquisition" dans les archives de la mairie ou de la gendarmerie. Tant et si bien qu'officiellement, il n'a jamais pu être établi que Mr POIRSIER père était mort en service commandé, c'est donc pourquoi Mme POIRSIER et ses enfants n'ont jamais pu bénéficier d'aide en forme de réparation. De l'aveu même de Maurice POIRSIER, c'est dans le dénuement le plus complet, quasiment dans la misère, que la famille POIRSIER, en particulier ses quatre enfants, ont vécu ces années suivant la disparition de Mr POIRSIER.
Cette histoire qui, avec le recul, peut paraitre invraisemblable, est malheureusement bien réelle et les conséquences misérables de cet épisode de la jeunesse de Maurice, n'ont certainement pas favorisé son départ dans la vie.
Maurice a été placé, par la DDASS des Vosges, dans une famille d'accueil paysanne à la Haye, famille d'accueil certes, mais famille où la garde des vaches semblait prioritaire à la scolarité. Après une année passée dans cette famille, Maurice, animé par un secret espoir de réussir dans la vie, s'est enfui puis s'est engagé comme apprenti dans une boulangerie d'Eloyes. A l'issue de son contrat Maurice trouve un travail temporaire aux établissements textiles Boussac de Golbey. Après une année passée chez BOUSSAC, il trouve enfin un emploi d'auxiliaire à la ville d'Epinal.
Agé de 18 ans et tenté par de nouveaux horizons, Maurice POIRSIER contracte, le 21 mai 1952, un engagement de trois ans dans l'Armée de Terre. Il intègre le 1er Régiment d'Infanterie Coloniale, stationné à Versailles, unité où il va faire son apprentissage des armes, recevoir sa formation de soldat puis celle de combattant.
Je souhaite préciser, ici, que les Armées Françaises sont, alors, très engagées en Indochine.
Le soldat POIRSIER, affecté à la 1ière Cie, est admis à suivre le peloton des élèves gradés, formation obtenue avec succès; il sera nommé caporal le 1er mai 1953.
Désigné pour servir en Extrême-Orient, le caporal POIRSIER, ayant embarqué à Fréjus, débarque le 10 juillet 1953 à Haiphong au Nord Vietnam. Affecté comme démineur au 73ème Génie 3ème Cie, il va vivre tout son séjour à neutraliser les pièges tendus par l'ennemi.
Au cours de ses très nombreuses interventions, toujours scabreuses, réclamant calme, sang-froid, précision du geste et assurance, bien que devenu expert avec l'expérience, il sera, néanmoins, blessé à la tête et aux jambes en tentant la neutralisation d'une mine le 26 novembre 1953 à Nihn Trap.
De plus, sa conduite au combat lui vaut une citation à l'ordre de la division comportant l'attribution de la croix de guerre des TOE avec étoile d'argent par Ordre Général des Forces Terrestres du Nord Vietnam n° 2077 du 3 novembre 1954.
Sur le plan militaire, il sera nommé caporal-chef le 1er janvier 1954 puis sergent le 1er janvier suivant.
Arrivé au terme de sa campagne, le sergent POIRSIER embarque à Saïgon pour débarquer à Marseille le 15 mai 1955. Mis en congé de fin de campagne jusqu'au 10 août 1955, il se retire dans ses foyers le lendemain et retrouvera son emploi au service des Eaux de la ville d'Epinal.
Le sergent POIRSIER sera rappelé à l'activité le 24 mai 1956 dans le cadre des opérations dites de "Maintien de l'Ordre" en Afrique du Nord. C'est ainsi qu'l rejoint la 3ème Cie du 21ème Régiment d'Infanterie, régiment reconstitué à Strasbourg afin de recevoir et encadrer les rappelés, en vue de leur participation ultérieure à ces opérations. Bien que classé "service auxiliaire" par la décision de la commission de réforme de Colmar du 26 mai 1956 il sera, néanmoins, muté au 1er Régiment d'Artillerie au Maroc, le 30 juillet 1956, mais sera libéré et rayé des contrôles 6 mois plus tard.
A l'issue de ce séjour au Maroc, Maurice POIRSIER reprendra son emploi au service des Eaux de la ville d'Epinal qu'il terminera comme agent de maitrise détaché à la Lyonnaise des Eaux de 1983 à 1990, société chargée, par la ville d'Epinal, de la gestion de son réseau de distribution de l'eau potable.
Tels sont les faits marquants que l’on peut relever sur ses états des services.
Le sergent Maurice POIRSIER est, dans l'ordre de préséance, titulaire
- De la Médaille Militaire,
- De la Croix de Guerre des TOE avec étoile d'argent,
- De la Médaille des Blessés,
- De la Croix du Combattant volontaire avec agrafe "Extrême-Orient",
- De la Croix du Combattant,
- De la Médaille Coloniale avec agrafe "Extrême-Orient",
- Du titre de Reconnaissance de la Nation,
- De la Médaille Commémorative de la campagne d'Indochine,
- De la Médaille Commémorative d'Afrique du Nord avec agrafe "Maroc".
En outre, ses services à la ville d'Epinal lui vaudront l'attribution de la Médaille d'Honneur Régionale, Départementale et Communale aux échelons "argent" puis "vermeil", distinctions spécifiques réservées aux élus et employés des collectivités territoriales.
De retour à Ainvelle, lors de sa mise à la retraite, titulaire de toutes ces décorations, Maurice s'est spontanément impliqué dans la vie des associations patriotiques locales.
Il a d'ailleurs présidé la section locale des anciens-combattants de la Légion Vosgienne.
Enfin, je souhaite préciser que je ne peux passer sous silence le fait que le sergent Maurice POIRSIER est, selon le décret de 2015 de la présidence de la République, éligible au grade de chevalier de la Légion d'Honneur. En effet, il est, comme précisé par ce texte, ancien combattant d'Indochine, titulaire de la Médaille Militaire et de deux faits de guerre, en l'occurrence, ici, d'une citation et d'une blessure de guerre.
Du fait des ajournements successifs, imputés à une interprétation du Ministère des Armées, dite des "blessés-cités", considérant que, le texte de la citation faisant mention de la blessure, blessure et citation seraient le même fait de guerre. Alors que la citation, ici, relate d'autres faits d'armes que celui où la blessure est intervenue. C'est aussi pourquoi, selon les conseils du CAPM organisme instructeur, la demande a été renouvelée, tous les ans, depuis 2015.
Toutefois, l'édition du nouveau guide relatif aux procédures et conditions de propositions à nos Ordres Nationaux et à la Médaille Militaire, de début 2022 du Ministère des Armées, faisant état de la révision du jugement restrictif sur les "blessés-cités", notre camarade Maurice POIRSIER devenait, aux yeux du Ministère des Armées, éligible au grade de chevalier de la Légion d'Honneur.
Eligibilité qui, selon toute vraisemblance, aurait dû se voir officialisée lors d'une prochaine promotion. La disparition de notre ami rend, bien évidement et malheureusement, le dossier caduc, mais vous comprendrez que cette interprétation restrictive puisse engendrer une certaine amertume chez les intéressés ou, dans le cas présent, chez ses proches.
Voilà en quelques phrases, le parcours du sergent Maurice POIRSIER.
Ses obsèques civiles se sont déroulées le 5 juillet 2022 au cimetière d'Ainvelle, en présence du drapeau de la 1724ème section et de nombreux drapeaux des associations patriotiques locales, accompagnés de nombreux titulaires de la Médaille Militaire, de nombreux camarades anciens-combattants et d'une nombreuse assistance d'anonymes. Les sonneries réglementaires exécutées par le clairon "attitré" des anciens-combattants locaux, rehaussait la solennité du cérémonial, tandis que l'éloge du disparu a été prononcé par le secrétaire de la 1724ème section.
Les membres titulaires de la Médaille Militaire, en particuliers ceux de la 1724ème section, présentent à ses enfants, à sa famille dans la peine, leurs très sincères condoléances.
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