Décès de Monsieur Christian JATTEAU
1724° Section de la Haute Vallée de la Saône et de Bains les Bains 08/09/2025 - 88-VOSGES
Disparition du Major Christian JATTEAU, Président honoraire de la 1724° Section.
Avant d'évoquer le passé du Major Christian JATTEAU, ayant présidé, pendant 18 ans et avec zèle, aux destinées de la 1724ème section, depuis la disparition en 2007 du président fondateur Albert FÄH, je souhaite préciser qu’il avait dû se résoudre, contraint par des ennuis de santé, à passer la main lors de l’assemblée générale de mars 2025.
Christian JATTEAU est né le 11 mai 1936 à Thonnance-lès-Joinville où réside sa famille. Après des études primaires, il fréquente le collège local puis est orienté vers le lycée technique de Joinville où il reçoit une formation de dessinateur industriel. Ne trouvant pas de travail dans sa branche il accepte un poste de vendeur dans un magasin de confection ; emploi qu’il conserve jusqu’à son appel sous les drapeaux.
Après les tests psychotechniques, au Centre de Sélection de Commercy, le jeune JATTEAU est incorporé, le 1er septembre 1956, au 13ème Bataillon de Chasseurs Alpins stationné à Chambéry. Cette unité, devenue Centre d’Instruction, assure la formation militaire et combattante des appelés du contingent, en vue de les rendre aptes à une future participation aux opérations d’Afrique du Nord.
Classes terminées fin 1956, le soldat JATTEAU se porte volontaire aux pelotons d’élèves gradés. Reçu brillamment, il est promu caporal le 1er avril, caporal-chef le 1er août et sergent le 1er octobre 1957. Ayant suivi, parallèlement à sa formation militaire, une intense formation combattante des troupes de montagnes, apte à intégrer l’encadrement au sein d’une section, il est alors désigné pour l’Algérie.
Ayant embarqué à Marseille, il débarque à Bône pour être affecté au 151ème Régiment d’Infanterie Motorisée stationné aux alentours de Guelma situé plein est de Constantine à mi-chemin de la frontière tunisienne. Ayant rejoint le 30 novembre 1957, il est, alors, affecté à la 4ème compagnie et le commandant de la compagnie lui confie, d’emblée, la section harkis de l’unité, composée d’une trentaine de supplétifs musulmans. La zone d’action du sergent JATTEAU est le sud-est du constantinois, touchant à l’extrême est la frontière tunisienne. A l’issue de ses 18 mois de service, mis dans la disponibilité, il est maintenu sous les drapeaux, comme tous les appelés du contingent en vertu des pouvoirs spéciaux accordés par l’Assemblée Nationale au gouvernement. Le sergent JATTEAU va donc barouder, jusqu’au terme de son service militaire, avec ses 30 supplétifs musulmans, toujours à la pointe des combats, en guide-éclaireur des unités d’élites engagées sur sa zone. Ses actions au combat lui valent une citation à l’échelon du régiment, récompense suprême pour un appelé du contingent, au service d’autres unités.
Le vécu de ces mois de service militaire, l’ambiance opérationnelle, la rigueur militaire mais aussi et certainement, la liberté dont il a bénéficié dans la conduite de sa harka, avaient conquis le jeune sous-officier JATTEAU. C’est, d’ailleurs pourquoi, désirant continuer à servir et faire carrière, il avait sollicité une demande d’engagement égarée par l’administration donc restée sans suite. Il est, alors, rayé des contrôles le 20 décembre 1958 et quitte l’Algérie après 28 mois de service dont 13 mois de campagne opérationnelle avec la croix de la Valeur Militaire avec étoile de bronze.
Après quelques temps en métropole, le sergent JATTEAU, impatient de reprendre sa vie opérationnelle, se manifeste auprès des instances militaires locales. Il est, ainsi, en mesure de contracter un engagement d’un an au titre du 151ème Régiment d’Infanterie Motorisée, toujours stationné dans la région de Guelma qu’il retrouve fin février 1959.
Le nouveau Colonel l’affecte, compte-tenu de son expérience opérationnelle antérieure, tout naturellement, au centre d’instruction harkis, nouvelle structure de l’unité. Si cette structure alterne formation et opérations, cette nouvelle activité, non entièrement dédiée aux opérations, et surtout l’environnement, très scolaire du centre de formation, ne conviennent pas au sergent JATTEAU qui sollicite sa mutation.
Le Colonel, ayant parfaitement mesuré le potentiel de son subordonné, saisit l’opportunité et lui propose la création d’une nouvelle harka entièrement dédiée aux opérations. Cette proposition est aussitôt acceptée par l’intéressé qui, en dépit des réticences de certains cadres du centre d’instruction, assure lui-même son recrutement. Le sergent JATTEAU, enfin dans son élément, va ainsi barouder, à la tête de sa harka, jusqu’à la fin des hostilités comme guide éclaireur au profit, soit du commando vietnamien du Général SALAN, soit d’une compagnie du 1er Régiment Etranger Parachutiste.
Ses résultats lui valent, selon la tradition de la chancellerie par échelon croissant, une nouvelle citation cette fois à l’échelon de la brigade le 7 juillet 1959 puis une à l’échelon de la division le 17 août 1960. De plus, concernant les récompenses sur faits d’armes, il m’a également avoué qu’au cours de l’année 1961, le service chancellerie, vu ses résultats exceptionnels, avait monté un dossier de proposition de citation à l’échelon du corps d’armée. Cette citation, restée sans suite, se serait égarée dans les méandres du service chancellerie de la Région Territoriale de Constantine…Afin, en toute bonne foi, d’abonder la vraisemblance de cette affirmation, je souhaite ajouter que, parallèlement à cette proposition de citation, le service chancellerie de l’unité ayant constitué un dossier de proposition à la Médaille Militaire à son profit, celui-ci s’est soldé par une concession de la Médaille Militaire à titre exceptionnel. Une telle concession de la Médaille Militaire à titre exceptionnel, dans l’appréciation de la Grande Chancellerie, atteste, nécessairement, de la présentation de faits d’armes justifiant une citation d’un échelon important. De plus, je ne peux m’abstenir de faire part de mes intérrogations sur le fait que, JATTEAU, toujours à la pointe des combats à la tête de sa harka, n’ait pas fait l’objet d’une moindre citation, d’août 1960, date de sa dernière citation, à la fin des hostilités !
Par ailleurs, sur le plan militaire, le sergent JATTEAU a été promu sergent-chef le 1er octobre 1960 après seulement 4 ans de service, avancement exceptionnel démontrant, par cette reconnaissance de ses chefs, des résultats hors du commun. Je souhaite ajouter que, malgré une forte mobilisation opérationnelle, le sergent JATTEAU obtiendra, sur le plan militaire, son Certificat Inter Armes, et son brevet d’Arme n° 1 passés en Algérie tandis que son brevet d’arme n° 2 sera obtenu ultérieurement au Valdahon.
Il quitte l’Algérie le 30 novembre 1962 pour rejoindre son régiment le 151ème Régiment d’Infanterie Motorisé, installé à Montigny les Metz en abandonnant, à son grand désespoir mais sur ordre en vertu des accords d’Evian, ses harkis qui ne l’ont jamais trahi …
Le sergent-chef JATTEAU est admis dans le corps des sous-officiers de carrière le 1er février 1963, deux mois après son retour d’Algérie.
Subtilité terminologique, le 151ème Régiment d’Infanterie Motorisé devient en 1964 le 151ème Régiment d’Infanterie Mécanisé : traduisant ainsi la dotation du régiment en chars légers AMX 13. Le sergent-chef JATTEAU, fantassin pur jus, va devoir réviser ses concepts de combat, acquérir de nouveaux réflexes, mais aussi, se familiariser avec les aléas de la mécanique de ces engins blindés chenillés, nouveaux pour lui. Transition parfaitement maitrisée puisque traduite par un avancement éloquent ; le sergent-chef passe adjudant le 1er juillet 1966 puis adjudant-chef le 1er avril 1970 et obtient son Brevet de Qualification Supérieur (BQS) le 4 janvier 1977.
Pour l’anecdote, je souhaite ajouter, afin de mettre l’accent sur les facultés d’adaptation du Major, que, lors de manœuvres, l’adjudant-chef JATTEAU sera félicité et cité en exemple par le Général commandant la 10ème Division Blindée, pour la savante manœuvre de son peloton, démontrant un sens du combat sur engin blindé parfaitement assimilé et maitrisé !
L’adjudant-chef JATTEAU, après 20 ans de service au 15-1, est muté au 150ème Régiment d’Infanterie stationné à Verdun le 1er août 1977. Il est nommé major le 14 juillet 1983.
Sous-officier d’une très grande expérience militaire, il est muté le 1er juillet 1987 au Centre de Documentation de l’Armée de Terre à Bar Le Duc et pourra, ainsi, transmettre, aux jeunes gens intéressés par une carrière militaire de judicieux conseils.
Il est mis à la retraite à la limite d’âge à compter du 12 mai 1994 avec admission à l’honorariat de son grade après 38 ans de bons et loyaux services.
Tels sont les faits marquants que je souhaite mettre en avant et qui traduisent ma lecture de son, trop succinct, état signalétique et des services et surtout de ce que j’ai pu retenir de ces nombreux récits.
De plus, je me dois d’ajouter qu’à la retraite, il s’est très rapidement et spontanément impliqué dans la vie locale en se faisant élire conseiller municipal et surtout en s’impliquant pleinement dans les associations patriotiques et mémorielles locales :
- Union Nationale des Combattants AFN de Chatillon sur Saône ;
- Président du Groupement de la Légion Vosgienne de Darney ;
- Président de la section de Chatillon sur Saône de la Légion Vosgienne ;
- Membre du Comité du Souvenir Français de Lamarche ;
- Membre de la Section Vosgienne de la Fédération Nationale des Combattants Volontaires ;
- Président de 2007 à 2025, puis Président honoraire de la 1724ème section des titulaires de la Médaille Militaire de la Haute Vallée de la Saône et de Bains les Bains.
Pour conclure cette narration sur le parcours du Major Christian JATTEAU, je souhaite terminer pat l’évocation du cortège, de son ultime et dernier voyage vers le cimetière de son village. C’est précédé de 18 drapeaux, suivi du coussin, portant ses nombreuses et prestigieuses décorations, fièrement porté par un de ses petits-fils, que le cortège funèbre s’est dirigé vers le cimetière de son village, auquel s’est joint, derrière la famille, une population du village et des environs, silencieuse en signe de respect.
Enfin, je souhaite rappeler que le Major Christian JATTEAU est
- Chevalier de la Légion d’Honneur ;
- Titulaire à titre exceptionnel de la Médaille Militaire ;
- Chevalier de l’Ordre National du Mérite ;
- Titulaire de la Valeur Militaire avec trois citations ;
- Titulaire de la Croix du Combattant Volontaire avec agrafe « Afrique du Nord » ;
- Titulaire de la Croix du Combattant pour sa participation à la guerre d’Algérie ;
- Du Titre de Reconnaissance de la Nation ;
- De la Médaille Commémorative des Opérations de Sécurité et de Maintien de l’Ordre avec agrafe « ALGERIE ».
Pierre OLIVIER
Président/Secrétaire de la 1724ème section de la Haute Vallée de la Saône et de Bains les Bains.
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